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lundi 21 juin 2010

MON JOURNAL

J’ai décidé cette année de nommer mon carnet intime « Antigone ». Je cite ce que j’ai écrit ce jour-là ; Désormais je t’appellerai « Antigone », car tu seras la partie intime de moi-même. Tu es la femme qui vit pour l’amour et non pour la haine. Ton âme est morte depuis longtemps et tu désires la mort corporelle. Eh, oui. J’ai perdu mon âme, ma spontanéité, ma flamme, mon rire. J’ai perdu l’habitude de rire. Je ne sais plus ce que veut dire les mots joies, bonheur, amour et même amitié. Amitié, un mot qui n’existe plus pour moi, je n’ai plus d’amis, je n’ai plus de confidents : ce soutien moral me manque. Moi qui croyais aux choses spirituelles de l’existence, à la profondeur des gestes et des actes, me voila suspendue au matérialisme, à l’ironie et à l’incapacité. J’agis contre ma conviction, mes principes. Les activités que j’aime font désormais partie des archives, elles sont reléguées au fond de ma vie. Le romantisme, la sentimentalité sont bannis de mon dictionnaire.
Pourquoi cet esclavage ? Cette dépendance envers les autres? Les autres qui ne méritent même pas un sacrifice, même pas un mot gentil de ma part. Lunatiques et versatiles, indécis et hésitants, irresponsables et odieux, ils me rendent la vie impossible et invivable. Pourquoi ne pas fuir cette prison sombre et lugubre ? Pourquoi je ne laisse pas l’ombre pour la proie ? En effet, ils ne sont qu’une ombre dans ma vie, une ombre qui complique mon existence, qui éteint mes lueurs d’espérance, ma spontanéité, mes projets d’avenir. Vivre avec eux ? Pourquoi ? Me lier avec eux ? Les trainer derrière moi toute une vie, pour satisfaire mes souffrances. Je m’en dispense. Il faut avoir la volonté de tout casser, de tout renverser pour retrouver mon âme perdue.
Ces êtres incapables, odieux et menteurs. Ah, comme je les déteste ! Ils me traitent d’irresponsable et ne me donnent pas ma juste valeur. Ils me sous estiment et me «répudient» parfois. A vrai dire, je vaux plus qu’eux ; ma valeur intellectuelle est bien plus supérieure à la leur. Cependant, je ne puis pas vivre sans amour mais ce ne sont pas eux qui me le procureront. Alors pourquoi les trimbaler derrière moi ? Je dois me révolter et rencontrer enfin mon homme, l’homme de mes rêves, l’homme qui me convient, celui qui me donne ma juste valeur. Je ne veux plus être sous estimée et humiliée.
Pourquoi ne pas mettre un terme à cette situation invivable et intolérable ? Je dois me décider, je dois avoir la volonté de tout casser, de rompre ces fils de fer et d’acier. Antigone, aide-moi à me révolter, à prendre la décision de les quitter et de m’éloigner de ce genre de personnes qu’est la société masculine».


Le 17-2-1987

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